Même pour la bonne cause, noircir sa peau est tabou aux Etats-Unis

Winnie Harlow est une mannequin canadienne de 21 ans qui a participé l'émission de télé réalité America's next top model. Sa peau est de couleur noire... et blanche. Winnie Harlow est atteinte de vitiligo -- la maladie dont aurait été atteint Michael Jackson, qui provoque une dépigmentation de sa peau.

Capture d'écran du site de Winnie Harlow  - http://chantellewinnie.com/

Capture d'écran du site de Winnie Harlow - http://chantellewinnie.com/

La mannequin vient, malgré elle, de relancer un débat sur le fait de noircir son visage, comme le rapporte la BBC.

Les fans de Winnie Harlow publient régulièrement des photos d'eux-mêmes, sur lesquelles ils reproduisent les tâches du vitiligo.

A droite, Winnie Harlow, à gauche une internaute (blanche) qui lui rend hommage en colorant sa peau de sorte à ressembler au mannequin :

https://www.facebook.com/CarolyneSCurvyModel/photos_stream

Crédit : Carolyne S. Curvymodel, page Facebook

Lorsqu'ils sont de couleur noire, les fans de Winnie Harlow ornent leur épiderme de poudre blanche, ce qui ne semble pas poser de problème. En revanche, pour une personne de couleur blanche, le fait peindre son visage en noir peut créer la polémique.

"J'aimerais vraiment que les gens arrêtent de faire ça, genre ce n'est pas de l'art, vous vous noircissez littéralement le visage [doing blackface]", s'exclame cette fan sur son blog.

https://www.tumblr.com/hellyeahchantellewinnie/127269929485/i-really-wish-people-would-stop-doing-this-shit

"Pourquoi les gens n'ont-ils pas de problème avec le fait de se noircir le visage!??" se demande cette internaute, dénichée par la BBC :

Why are black people okay with blackface!?? Not only that they are mocking a skin condition that YOU HAVE??! @winnieharlow

— Geni (@elasticheartxox) 22 Août 2015

D'où vient cette polémique ? Aux Etats-Unis, le fait de peindre son visage en noir renvoie à des pratiques racistes et notamment au personnage de Jim Crow. Celui-ci apparaît en 1828 dans une chanson écrite par Thomas Darmouth Rice, un troubadour anglais qui caricature les personnes de couleur noire en se noircissant le visage et les mains. Pour un blanc, se colorer ainsi la peau revient donc à convoquer l'histoire du racisme aux Etats-Unis.

Thomas-D-Rice-1832

Thomas D. Rice, 1832

Régulièrement, des étudiants blancs qui se noircissent la peau pour leur déguisement d'Halloween sont mis au pilori par leurs camarades, leurs universités voire les médias. "Halloween est la haute saison pour parler de race et de culture", ironisait en 2013 Kat Chow, journaliste qui couvre les questions ethniques et culturelles pour NPR.

Il y a deux ans, l'actrice Julianne Hough avait opté pour un déguisement représentant un personnage noir de la série Orange is the new black.

Après la publication de photos sur lesquelles son visage est recouvert de maquillage noir, elle a présenté ses excuses en public.

Wildest dreams, le nouveau clip de Taylor Swift

Pourquoi Taylor Swift est accusée de "colonialisme blanc"

Taylor Swift, la chanteuse de country-pop américaine de 25 ans qui fera son entrée dans le prochain livre des records pour le volume d'albums qu'elle a vendus, est accusée de colonialisme pour son nouveau clip vidéo, Wildest dreams.

La chanson raconte l'histoire de deux amants (blancs) qui tournent un film en Afrique, entourés de paysages magiques et d'animaux sauvages. Problème, pour les deux auteurs qui ont publié une tribune sur le site de la radio nationale américaine NPR et qui ont grandi en Afrique : la vidéo présente une "version glamour du de l'Afrique coloniale fantasmée par les blancs", sans aucun protagoniste de couleur noire.

Quant à la journaliste du Huffington Post, elle note avec ironie : "Swift a opté pour l'option plus osée de simplement représenter l'exploitation politique d'une région et de son peuple. C'est courageux, vraiment. Presque aussi courageux que se mouvoir avec sensualité à côté d'un vrai lion".

Voici ce que reprochent les deux chroniqueur de NPR (qui ne sont pas journalistes) à Taylor Swift :

1La nostalgie des colonies

Le clip représente l'époque coloniale, comme le laissent deviner les vêtements de ses protagonistes, "une époque où les personnes représentées par Swift et ses co-stars ont tué, déshumanisé et traumatisé des millions d'Africains", écrivent les deux auteurs. Le tout dans une ambiance glamour et nostalgique :

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Les chroniqueurs font un parallèle entre le personnage de Taylor Swift dans le clip, et celui qu'incarnait Meryl Streep dans Out of Africa, un film sorti en 1985 dans lequel une aristocrate européenne qui s'installe dans une colonie britannique au Kenya et dirige sa propre ferme. Ils reprennent une critique du film selon laquelle "le personnage [de Meryl Streep] crée une nostalgie pour l'époque où une élégante forte femme blanche pouvait diriger une ferme en Afrique". Cette nostalgie "cache la laideur de cette idée [coloniale] et l'une des vérités centrales de la réalité coloniale : le fait que sa "force", ou ses privilèges, reposent sur l'ordre colonial". 

Comme le personnage d'Out of Africa, Taylor Swift incarne une femme forte qui, à la fin de la vidéo, quittent son amant car il est marié - mais aussi une femme faible, soumise aux charmes de cet homme.

2Une Afrique sans Africains

La scène se déroule en Afrique, mais tous les acteurs sont de couleur blanche. A quelques exceptions près :blancs jpg

 

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3L'Afrique est un continent, pas un pays

Les auteurs citent un essai de l'auteur Kenyan Binyavanga Wainaina. Il y dénonce ceux qui décrivent l'Afrique comme un pays. "L'Afrique est vaste : 54 pays, 900 millions de personnes", écrit-il. "Le continent est plein de déserts, de jungles, de montagnes, de savanes et de pleins d'autres choses, mais cela importe peu à votre lecteur, donc vous en faites des descriptions romantiques et évocatrices et vagues".

Les chroniqueurs ainsi que Taylor Swift recycle les clichés communs sur l'Afrique et les Africains : troupeaux d'animaux sauvages, chaleur et poussière recouvrant des prairies vallonnées.

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4L'ignorance plus que l'intention de nuire

Les deux auteurs laissent entendre que, comme beaucoup d'Américains, Taylor Swift ne connaît pas grand chose à l'Afrique. Dès lors, difficile de lui jeter la pierre. C'est donc à ses producteurs et sa maison de disques qu'ils adressent leurs critiques.

"Le problème le plus important est le fait que de nombreux Américains n'ont jamais suivi de cours d'histoire de l'Afrique", écrivent-ils. "Donc nous ne blâmons pas complètement Taylor Swift, mais les personnes qui ont produit cette vidéo et qui auraient dû faire des recherches plus poussées".

Ils rappellent également que tous les bénéfices réalisés avec cette vidéo iront à une organisation caritative qui protège la faune et la flore africaines.

Sur le blog musical du Guardian, Tshepo Mokoena estime qu'il s'agit d'une maladresse, mais qui ne mérite pas une telle indignation. "Pourquoi devrions-nous attendre de Swift, une femme d'affaires avisée et une marque, qu'elle utilise son clip pour éduquer son large public quant aux dures réalités de la domination coloniale ?", s'interroge-t-elle.

Crédit : Adam KR

La solution à la sécheresse en Californie : peindre sa pelouse en vert

La sécheresse qui affecte la Californie cet été pousse les autorités locales à restreindre l'accès à l'eau pour les Californiens. Difficile dans certaines villes touristiques, où terrains de golf, piscine et jardins luxuriants sont très prisés. A Palm Springs, une ville construite dans un désert, on consomme 820 litres d'eau par personne, soit cinq fois plus qu'un Français moyen.

Certains habitants font donc la chasse aux abus en publiant photos, vidéos et parfois coordonnées des gaspilleurs d'eau et de leurs jardins ou piscines sur les réseaux sociaux. Ici, un arrosage de trottoir :

Dénoncer ses voisins est devenu un sport local en Californie :


BLOG - Drought shaming en Californie by ftv-geopolis

Alors, pour les Californiens qui veulent conserver une pelouse verdoyante sans pour autant utiliser des litres d'eau ni être mis au pilori sur Twitter, une entreprise a trouvé la solution : peindre sa pelouse en vert.

La ville de Fresno, en Californie, règlemente l'arrosage, autorisé deux fois par semaine en été et au printemps.

fresno schedule

La société Mirage Lawn Painting propose donc aux habitants de pulvériser de la peinture verte sur leurs pelouses brûlées par le soleil. Pour 175 dollars au minimum (environ 155 euros), la teinture est garantie sans odeurs et persistante pendant 3 mois.

AJ+, une chaîne d'Al Jazeera, est allée à la rencontré de l'un de ces peintres en herbe :

 

L'Alaska, symbole et laboratoire du réchauffement climatique

Dans trois mois, la "COP21", la 21ème conférence des Nations unies sur le changement climatique, ouvrira ses portes à Paris.

Pour aboutir à un nouvel accord international sur le climat, les négociateurs de l'ONU devraient pouvoir compter sur le soutien du président américain. Barack Obama affirme régulièrement son engagement sur le sujet :"Tant que je serai président, l'Amérique sera en première ligne pour répondre à la menace du changement climatique" a-t-il déclaré sur Twitter.

Cette semaine, le président est en visite en Alaska, un Etat américain situé au pôle nord, où M. Obama a prévu d'appeler les autres pays à contrer le changement climatique.

Voici pourquoi l'Alaska est le symbole et le laboratoire du changement climatique :

1Les habitants de l'Alaska subissent le réchauffement avant tout le monde

Les glaciers de l'Alaska ont perdu plus de 3,5 millions de tonnes d'eau depuis 1959, ce qui représente un milliard de piscines olympiques, selon AP. Cette fonte est principalement le fait du réchauffement climatique selon l'experte en glaciers (sic) interrogée par AP, Regine Hock. 

Problème : les blocs de glace protègent les villages des tempêtes et facilitent la chasse pour les habitants. Selon le Corps des ingénieurs de l'armée américaine, 26 villages pourraient bientôt disparaître du fait de l'érosion de la glace sur les côtes.  

Un reportage de Valérie Astruc, Régis Massini et Sabrina Buckwalter

Dès lors, les habitant de l'Alaska "doivent déjà vivre avec les effets [du réchauffement climatique] : des feux de forêts plus fréquents et plus importants, des augmentations du niveau de l'eau plus importantes du fait des tempêtes, alors que la glace fond plus rapidement en mer, l'érosions des côtes (...) et la fonte des glaciers qui s'accélère, menaçant le tourisme" a déploré le président Obama.

Le tourisme, une manne importante pour l'Alaska, repose en effet sur la beauté de la glace et de la faune sauvage. Or lorsque la glace fond, c'est l'habitat d'espèces comme les morses ou les ours polaires qui disparaît.

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Envrion 35 000 morses se regroupent sur une plage à Point Lay, en Alaska (Etats-Unis), le 23 septembre 2014. (COREY ACCARDO / NOAA / AFP)

2L'Alaska est une bombe à retardement sous la glace

Au cours des 50 dernières années, la température moyenne en Alaska a augmenté de presque 3,5 degrés Fahrenheit, selon les chercheurs américains de Global Change cités par l'agence nationale de protection de l'environnementL'hiver dernier était le plus doux jamais enregistré.

Cet adoucissement des températures provoque le dégel de sols gelés depuis des milliers d'années. En dégelant, ils libèrent des gaz à effet de serre, accélérant encore le réchauffement climatique au niveau mondial.

Selon la chercheuse Susan Natali du Woods Hole Research Center, citée par l'AFP en juin dernier, 1 500 milliards de tonnes de gaz à effet de serre gelé sont emprisonnées dans ces sols. Ce volume est « environ deux fois plus important que celui présent dans l’atmosphère », a confié l'experte à la presse.

3L'Alaska a besoin du pétrole

L'économie de l'Alaska repose sur la pêche et le tourisme, des secteurs qui sont menacés par le réchauffement climatique. Mais l'Etat dépend également de la production d'hydrocarbures, dont la combustion produit des gaz à effet de serre.

Selon l'Association des producteurs de gaz et de pétrole locale, un tiers des emplois en Alaska dépend de l'industrie pétrolière.

A l'annonce de la visite de M. Obama dans l'Arctique, les défenseurs de l'environnement ont répondu en dénonçant l'hypocrisie du président. "Les signaux contradictoires envoyés par Obama nous laissent perplexes", a déclaré Rebecca Noblin, directrice pour l'Alaska du Center for Biological Diversity, à l'AFP. "C'est frustrant de l'écouter s'exprimer de manière aussi éloquente sur la nécessité de s'attaquer au changement climatique puis de le voir trahir ses discours dans ses actes". En cause : le permis accordé à la compagnie pétrolière Shell pour mener des forages dans la mer des Tchouktches, au nord de l'Alaska.

"Je comprends ces inquiétudes", a affirmé Barack Obama, tout en insistant sur les "hauts standards de sécurité" demandés à Shell, et rappelant que les contrats avaient été signés avant qu'il ne prenne ses quartiers à la Maison Blanche.

 

Tout avouer, nier en bloc ou détruire les preuves : quelques réactions des utilisateurs d'Ashley Madison

La saga Ashley Madison continue. Le site de rencontres adultères dont le slogan est « La vie est courte. Prenez un amant » vient de perdre son PDG. Le mois dernier, les données des utilisateurs du site – noms, emails, adresses, numéros de carte de crédit - avaient été publiées sur internet par des pirates informatiques.

Noel Biderman, à la tête de la maison mère d'Ashley Madison, le groupe canadien Avid Life Media, a quitté ses fonctions ce vendredi « d'un commun accord » avec la société, selon un communiqué de presse, qui affirme que le le changement est dans l'intérêt de l'entreprise.

Pendant ce temps, le gigantesque piratage fait trembler les foyers américains. Ashley Madison revendique 38 millions d'utilisateurs au total, dont une large part aux Etats-Unis.

Sur Reddit, le plus grand forum anglophone du monde, nombre d'entre eux font part de leur inquiétude et disent ne plus pouvoir dormir de peur d'être découverts. Certains discutent de la meilleure stratégie à adopter : faut-il tout avouer à leur partenaire ? Nier en bloc ? Détruire les listes de membres d'Ashley Madison publiées sur internet ?

Voici trois réactions insolites des utilisateurs d'Ashley Maddison sur Reddit (ces publications sont accessible à tous les inscrits sur le forum).

  • Celui qui a tout déballé :

Peu de rencontres extra-conjugales entre hommes et femmes ont effectivement eu lieu, à en croire l'analyse du site Gizmodo : la grande majorité des comptes actifs sur le site étaient détenus par des hommes. De nombreux utilisateurs du site n'ont donc jamais commis d'adultère, se contentant de discuter sur internet. C'est le cas de cet internaute, inscrit sur Ashley Madison mais qui n'a pas trompé sa femme par l'intermédiaire du site. Il a tout avoué à son épouse :

« Ma femme est tellement géniale. Je lui ai dit que je m'étais [inscrit sur Ashley Madison] pour la contrarier. J'ai payé [l'adhésion] avec ma carte de crédit, mais j'ai utilisé un autre mail et une fausse adresse. J'avais quand même le sentiment que le numéro de ma carte me trahirait et j'étais à deux doigts de lui dire, j'ai cédé et je lui ai dit. C'est passé comme une lettre à la poste. « Si tu n'as pas rencontré qui que ce soit, quel est le problème ? On est des adultes, on n'est plus au lycée ». Lorsque je lui ai dit que l'on pourrait retrouver mon nom via des moteurs de recherche ou des cartes qui seront certainement publiées en ligne, elle a dit : « Mais qui voudrait rechercher ton nom ? ». Une leçon d'humilité, et qui m'a fait rire. Tout va bien et on va s'en remettre. »

[MISE A JOUR 01/09/2015 : après une nouvelle recherche, le site Gizmodo a trouvé plus de femmes parmi les utilisateurs d'Ashley Madison. Mais aussi... des robots qui se faisaient passer pour des utilisatrices]

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  • Celui qui veut attaquer les pirates :

Les données personnelles des utilisateurs ont été publiées par les hackers sur le réseau anonyme Tor. Des internautes ont récupéré ces données sur Tor et les ont publiées sur des sites accessibles au grand public, parfois sous la forme de moteurs de recherche.

Sur Reddit, des membres du site Ashley Madison s'échange des conseils pour pirater tous ces sites internet qui publient leurs noms. Voici ce que propose l'un d'entre eux :

« (…) pourquoi n'avons nous pas organisé une attaque méthodique contre les abrutis qui publient des listes sur des sites qui sont TRES vulnérables (en tous cas, de ce que j'ai pu constater par mon expérience limitée) »

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  • Celui qui nie... et rejette la faute sur sa partenaire :

Il est difficile de savoir si les listes des utilisateurs d'Ashley Madison qui sont publiées sur internet sont réelles. Des personnes mal intentionnées peuvent très bien publier de fausses listes incluant les noms de leurs ennemis, afin de faire croire à un adultère...

Cet internaute qui s'est inscrit sur Ashley Madison compte bien profiter de la confusion ambiante entre vraies et fausses listes :

« Imaginez ma surprise lorsque, alors que je cherchais mon nom [dans la liste des utilisateurs d'Ashley Madison], j'ai en fait trouvé celui de ma femme. Je l'ai confrontée à ma découverte, tout en sachant qu'en fait, il ne s'agissait pas d'elle. Elle a réagi avec horreur et dégoût, en affirmant qu'elle ne s'était jamais inscrite [sur le site]. Je lui ai dit (...) Je te crois, ce sont des balivernes. Maintenant, elle ne croira jamais ce qu'elle verra, qu'il s'agisse d'une liste réelle ou d'une fausse. »

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Plus bas, un autre internaute adepte du site adultère propose de créer une fausse liste, contenant le nom de sa propre femme. Lorsque celle-ci découvrira son nom, puis le nom de son mari parmi les utilisateurs d'Ashley Madison, elle croira à un faux. Son mari lui dirait alors :

« Regarde ces bêtises – on est tous les deux [sur la liste] - lol »

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Ania Nussbaum

Journalistes tués en direct : ce qu'on sait du suspect

Deux journalistes de la chaîne locale WDBJ7 ont été abattus en direct ce mercredi, provoquant l'émoi aux Etats-Unis. L'émotion était d'autant plus vive que le tireur a posté la vidéo du meurtre sur les réseaux sociaux, près de trois heures après les faits. Filmée avec un téléphone portable, la séquence montre la main de l'assassin, son pistolet pointé sur la journaliste, alors en pleine interview. Alison Parker, 24 ans, et son cameraman Adam Ward, 27 ans, décèderont de leurs blessures. La femme interviewée, blessée, a quant à elle échappé de peu à la mort.

La journaliste en pleine interview

La police s'est rapidement lancée à la poursuite du le suspect, Vester Lee Flanagan. Alors que les forces de l'ordre s'apprêtent à l'appréhender, l'homme de 41 ans se suicide. Il décède mercredi, en début d'après-midi, à l'hôpital.

Qui est le suspect et quels étaient ses motifs ? Voici ce qu'on sait de lui à ce stade :

1Un ex-journaliste de la chaîne WDBJ7

M. Flanagan a travaillé comme journaliste pour la chaîne de 2012 à 2013. Il s'était fait connaître sous le nom d'emprunt de Bryce Williams. De nombreuses vidéos de ses interventions télévisées ont été postées par les internautes après l'annonce du double meurtre :

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Vidéo postée par un internaute, sous-titrée "Bryce Williams tueur d'innocents"

Il y a deux ans, il est licencié après avoir reçu de nombreuses réprimandes de ses supérieurs pour son comportement agressif vis-à-vis de ses collègues, selon CNN. Le jour de son licenciement, M. Flanagan profère des menaces à l'encontre du personnel. WDBJ7 appelle alors les secours.

Depuis, M. Flanagan vivait de modestes jobs. Dernièrement, il travaillait pour des assurances.

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2Un "baril de poudre"

Depuis son licenciement, M. Flanagan ressassait régulièrement sa colère. Se décrivant comme un baril de poudre prêt à exploser, l'homme aurait tué ses deux chats pour soulager sa rage, selon NBC.

Après la mort des deux journalistes, un internaute publie une vidéo qui montre son altercation avec M. Flanagan cet été. Selon les déclarations du conducteur, M. Flanagan l'aurait suivi pour l'insulter :

3Inspiré par les tueries de masse

Deux heures après le meurtre, un fax arrive à la chaîne de télévision ABC. Il est signé Bryce Williams, qui y exprime notamment son admiration pour les tueurs du lycée de Columbine, deux étudiants qui ont assassiné 13 personnes à la fin des années 1990, et pour Seung-Hui Cho, qui a assassiné plus de 30 personnes il y a huit ans, sur le campus de Virginia Tech. Adam Ward était diplômé de cette université.

4Il s'estimait victime de racisme

Dans le fax envoyé après la tuerie, Vester Lee Flanagan explique que le massacre raciste qui a eu lieu en juin dernier dans une église de Charleston a été le tournant qui l'a poussé à l'acte.

Sur son compte Twitter, qui a été suspendu depuis, Bryce Williams estimait que la journaliste Alison Parker avait fait preuve de racisme envers lui.

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En 2000, M. Flanagan avait fait appel à la justice car il s'estimait victime de racisme. Il était alors employé par une chaîne de télévision en Floride. Il a invoqué les mêmes motifs après avoir été licencié par WDBJ7.

Le mois dernier, un juge avait rejeté sa requête.

Un article posté par Bryce Williams sur Twitter.

Dans sa note d'adieu, il laisse également entendre qu'il a été victime de brimades du fait de son homosexualité.

5Un ancien mannequin

Le Telegraph est allé jusqu'à dévoiler l'intimité de M. Flanagan : selon le journal, des photos de lui-même plus jeune, du temps où il était mannequin, décoraient le réfrigérateur de son petit appartement. Il habitait non loin des locaux de WDBJ7.

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Vous pensiez les émissions de téléachat réservées aux produits minceur miracles et aux bijoux flashy ? Détrompez-vous : Gun TV vendra des armes à partir de janvier 2016. Crédit : M&R Glasgow

Pourquoi on pourra toujours acheter des armes dans les supermarchés américains, en 3 chiffres

Après l'assassinat de deux journalistes en direct sur une chaîne de télévision locale cette semaine, le débat sur les armes à feu revient sur le devant de la scène aux Etats-Unis.

Hillary Clinton, une des candidates du parti démocrate à l'élection présidentielle de 2016, s'est dite "en colère" et a appelé à "mettre fin à la violence armée" dans un tweet :

Selon les éditorialistes du Washington Post, rien ne dit que des contrôles plus poussés auraient évité la mort des deux journalistes. "Mais peu importe", ajoutent-ils, "ce genre de tragédies nous rappelle la facile et brutale efficacité des armes à feu lorsqu'il s'agit de tuer".

Aux Etats-Unis, on peut acheter un fusil au supermarché - même si le géant Walmart vient d'annoncer le retrait des armes semi-automatiques comme le AR-15s de ses rayons. Le port d'armes est soumis à l'obtention d'un permis et à des règles qui diffèrent selon les états.

Le renforcement du contrôle des armes à feu est un sujet qui apparaît régulièrement dans les médias et sur les réseaux sociaux - comme ce fut le cas en juin dernier, après le massacre de neuf personnes de couleur noire dans l'église de Charleston - mais rien ne change dans les faits. Ce qui fait dire aux éditorialistes du New York Times : "nous savons tous que tout changement est improbable, malgré la grotesquerie qui agite les réseaux sociaux".

Voici 3 chiffres qui montrent pourquoi :

63% des Américains affirment que posséder une arme chez soi permet d'être plus en sécurité

selon un sondage Gallup de 2014

1/3 des Américains possèdent une arme à feu

selon un sondage du Pew Research Center effectué en 2014

52% des Américains veulent soit faciliter le port d'armes, soit ne rien changer

14% des personnes interrogées par l'institut de sondage Gallup en 2014 veulent faciliter le port d'armes, 38% ne veulent pas changer les règles actuelles. 

Au contraire, 47% des répondants se sont dits en faveur de règles plus strictes pour limiter le port d'armes.

Retrouvez notre Grand Format sur les enfants américains qui apprennent à utiliser des armes (décembre 2014) :

Meurtre de 2 journalistes en direct : la traque sur les réseaux sociaux

Deux journalistes de la chaîne locale WDBJ7 ont été tués par balles alors qu'ils réalisaient une interview en direct ce mercredi matin, dans un centre commercial de Moneta, dans l'état de Virginie. Le suspect s'est suicidé quelques heures plus tard, après une course poursuite physique et virtuelle avec la police.

Ce meurtre a eu lieu en direct, non seulement à la télévision, mais aussi sur lnternet. Grâce aux réseaux sociaux, policiers, journalistes et internautes ont pu suivre le suspect à la trace : 

  • Les moyens techniques des chaînes de télévision sont si performants aujourd'hui qu'il est possible d'obtenir un direct presque parfait, sans décalage. Après que les coups aient retenti, la caméra d'Adam Ward, le photographe de la chaîne, est tombée au sol et a continué de tourner. Les images ont été diffusées sur la chaîne locale et capturées par des internautes, qui les ont ensuite postées sur le site de vidéos en ligne Youtube :

La journaliste en pleine interview

La journaliste Alison Parker en pleine interview

Le tueur fait son apparition.

Le tueur fait son apparition

La caméra est au sol.

La caméra est au sol

Retour sur le plateau. La présentatrice reste bouche bée.

Retour sur le plateau : la présentatrice est choquée

  • Les téléspectateurs ont pu alors brièvement voir sur leurs écrans le visage du tueur, un pistolet à la main. Un internaute, Jamey Singleton, en a fait une capture d'écran, qu'il a postée sur Facebook :

Capture par Jamey Singleton

  • Dans le même temps, le tueur a lui-même filmé la scène. Le suspect, un ancien journaliste de la chaîne qui se fait connaître sous le nom de Bryce Williams, a ensuite publiée sa vidéo sur Facebook et Twitter - alors même qu'il était recherché par la police.
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La vidéo a été filmée l'arme à la main

 

  • Sur son compte Twitter, le suspect explique ensuite pourquoi il en voulait à ses victimes. Il accuse Alison Parker d'avoir eu des commentaires racistes à son égard et Adam Ward de s'être plaint de lui auprès du service des ressources humaines de la chaîne.

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Bryce Williams se décrit également comme un ex-mannequin, éduqué comme témoin de Jéhovah.

  • Twitter suspend rapidement le compte de @bryce_williams7. LinkedIn fera de même pour son profil professionnel, qui indique que Bryce Williams a travaillé en tant que journaliste à WDBJ pendant moins d'un an, jusqu'au début de l'année 2013.

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  • Sur Twitter, un autre présentateur de WDBJ7 a fait part de sa peine sur les réseaux sociaux. Il a annoncé qu'il était en couple avec la journaliste tuée quelques heures plus tôt.

 

  • Les réactions des internautes américains ne se sont pas faites attendre. Sur la page Facebook officielle de Bryce Williams, les insultes se sont multipliées, jusqu'à la suspension de la page par le site :

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Un internaute a même compilé les interventions télévisées de Bryce Williams, ancien journaliste, et les a publiées sur Youtube avec la bannière "tueur d'innocents".

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Le suspect est décédé à l'hôpital mercredi en début d'après-midi (heure américaine), après s'être suicidé par balle. Dans une lettre de 23 pages faxée deux heures avant le meurtre à la chaîne ABC News, Bryce Williams déclarait qu'il était plein de colère depuis le massacre de Charleston en juin dernier. Neuf personnes de couleur noire avaient été assassinées pour des motifs racistes dans l'église de Charleston en Caroline du Sud.

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Crédit photo : Christopher Crane pour Terracycle

Ces Américains qui ont renoncé à leurs études pour créer leur boîte

Tom Szaky, 32 ans, a quitté une université prestigieuse pour fonder sa propre entreprise. Aujourd'hui, cet Américain est surnommé le "magnat des déchets". Son but : "éliminer la notion même de détritus" grâce au recyclage, depuis les paquets de chips (transformés en lunettes de toilettes) jusqu'aux mégots de cigarettes (qui deviennent des cendriers).

L'entrepreneur a abandonné ses études dans la célèbre université américaine de Princeton pour créer sa startup, Terracycle, il y a presque 15 ans. Aujourd'hui, l'entreprise emploie 120 salariés et génère un chiffre d'affaires annuel de 15 millions d'euros. 

Un reportage de V. Astruc, R. Massini, S. Lumley et A. Monange.

Face au coût exorbitant des études aux Etats-Unis (les universités les plus prestigieuses peuvent demander jusqu'à 63,000 dollars l'année à leurs étudiants, soit 55 000 euros) certains Américains décident de ne pas passer par la case "diplôme" - surtout lorsqu'ils veulent travailler dans le domaine des technologies. Et pour cause : l'exemple de ces entrepreneurs sans diplômes inspire bien des Américains désireux de se lancer dans le monde de la tech.

Bill Gates, fondateur de Microsoft

L'homme le plus riche du monde selon Forbes, Bill Gates a quitté la prestigieuse université de Harvard à l'âge de 20 ans pour fonder avec un ami la société Microsoft, à l'origine du logiciel d'exploitation Windows.

Quarante ans plus tard, dans un post de blog, le milliardaire déconseille de prendre exemple sur lui. Il estime que l'Amérique a besoin de travailleurs qualifiés et que détenir un diplôme contribue à sortir de la pauvreté.

L'homme le plus riche du monde vous conseille de terminer vos études

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Mark Zuckerberg, fondateur de Facebook

Mark Zuckerberg a lui aussi quitté Harvard. Mais c'est grâce à l'université qu'il a eu l'idée de Facebook, qui à sa création en 2004 était un trombinoscope des étudiants de Harvard. Il a alors 19 ans. Il faut attendre 2006 pour que l'album photo en ligne s'ouvre au public. Selon Forbes, la fortune du trentenaire s'élève aujourd'hui à 40 milliards de dollars.

Zuckerberg a beau avoir quitté la fac, il n'aurait jamais eu l'idée de Facebook sans avoir étudié à Harvard

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Jack Dorsey, fondateur de Twitter

Avant de co-fonder Twitter, Jack Dorsey était un "ex-étudiant de 29 ans qui avait abandonné ses études et portait parfois un tee-shirt arborant son numéro de téléphone et un piercing dans le nez", selon le journaliste du New York Times Nick Bilton.

Aujourd'hui PDG de Square (le site de paiement sur smartphone), Jack Dorsey possède une fortune estimée à 2,2 milliards de dollars (environ 2 millions d'euros) par Forbes.

Jack Dorsey a co-fondé Twitter après avoir abandonné ses études

Jack Dorsey a co-fondé Twitter après avoir abandonné ses études

Steve Jobs, fondateur d'Apple

Steve Jobs n'a jamais obtenu son diplôme de Reed College, à Portland. Ses parents avaient pourtant longuement économisé pour lui payer des cours dans cette université onéreuse.

Pour autant, Jobs est resté près d'un an et demi sur le campus pour suivre des cours qui l'intéressaient, notamment des de calligraphie, qui lui serviront plus tard pour concevoir la typographie du Mac. Il fondera sa société à 21 ans.

Steve Jobs a abandonné ses études à la fac au bout de 6 mois, mais est resté sur le campus pour suivre les cours qui l'intéressaient

Steve Jobs a abandonné ses études à la fac au bout de 6 mois, mais est resté sur le campus pour suivre les cours qui l'intéressaient

David Karp, fondateur de Tumblr

L'enfant prodige de la tech David Karp a abandonné le lycée avec le soutien de ses parents pour étudier les sciences informatiques, qui n'avaient pas leur place dans le cursus traditionnel dans les écoles new yorkaises à l'époque. Lui-même se considère comme une exception et ne recommande pas de quitter l'école.

Il y a trois ans, âgé de 26 ans, il a vendu son entreprise au géant américain de Yahoo pour plus d'1 milliard de dollars. Il en est désormais le PDG.

David Karp a revendu Tumbr a Yahoo. Il est désormais PDG de la société.

David Karp a abandonné l'école dès le lycée. Il est aujourd'hui PDG de Tumblr

Tourisme : 5 visites décalées à New York

Après l'avoir vue dans tant de films, tant de séries, peut-on encore être surpris par New York ? On continue de rêver avec 5 visites décalées dans la grosse pomme.

  • L'histoire de la basket à Brooklyn

Avec ses musées prestigieux, comme le MoMa ou le Guggenheim, New York est la capitale culturelle des Etats-Unis. Il y en a pour tous les goûts : au Brooklyn Museum, "The Rise of Sneaker Culture" (L'ascension de la culture de la basket) ravira même les allergiques aux musées. Cette exposition se dit la première à explorer la dimension socio-culturelle de la basket, ou l'histoire d'une société dans laquelle le sport a pris une place de plus en plus importante avec la généralisation des loisirs.

Jusqu'au 4 octobre au Brooklyn Museum

Dominion Rubber Company, env. 1925. Crédit photo : Hal Roth, American Federation of Arts/Bata Shoe Museum

Crédit : American Federation of Arts/Bata Shoe Museum

Crédits photo : American Federation of Arts

Crédits : American Federation of Arts

  • Un après-midi (d'été) à la plage

Dans notre imaginaire, New York, c'est avant tout Times Square, les taxis jaunes et les grandes avenues à l'ombre des gratte-ciels. On oublie souvent que l'été, les New Yorkais vont aussi se dorer à la plage. La température de l'eau est idéale pour supporter les fortes chaleurs estivales.

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Long Island beach. Crédits : France 2 Washington

  • Expo : Comment les chats ont pris possession d'internet

Le Queens, quartier de New York trop souvent ignoré des touristes, a ses pépites. Dans un beau bâtiment à Astoria, qui héberge des studios de cinéma historiques, le "musée de l'image animée" n'expose pas que des vieux films et des anciennes caméras. "How Cats Took Over the Internet" se veut une réflexion sérieuse sur l'histoire des chats sur le web et aborde des thèmes comme "l'anthropomorphisme" et "l''esthétique du mignon".

Jusqu'au 31 Janvier 2016 au Museum of the Moving Image 

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  • Cimetière du Calvaire

On reste dans le quartier du Queen's pour une visite un peu morbide. Rendez-vous au cimetière du Calvaire, l'un des plus anciens de la ville, pour admirer le contraste entre les pierres tombales et la vue sur la "skyline" de gratte-ciels new yorkais.

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Crédit photo : Plowboylifestyle, Moondigger

  • Survol en hélicoptère et visite en bateau

Impossible de tout voir en quelques jours à New York. Alors, on prend de la hauteur dans un des sept hélicoptères qui survolent Manhattan en permanence, pour une vue imprenable sur la statue de la liberté, Central Park ou le One World Trade Center. Comptez 160 dollars (environ 140 euros) pour 12 minutes dans les airs.

Autre option pour faire le tour de l'île de Manhattan et se remémorer l'histoire des migrants qui sont arrivés à New York par la mer : la visite en bateau. Pour 40 euros par personne, vous pourrez vous arrêter à loisir et admirer l'architecture new yorkaise, été comme hiver.

Un reportage de J. Cardoze, L. Desbois et C. Koumoue.