Ces journalistes qui financent la campagne de Hillary Clinton

Qu'ont en commun Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue et Emily Nussbaum, critique au New Yorker et lauréate du prix Pulitzer ? À en croire une enquête publiée par le Center for Public Integrity, elles auraient toutes deux contribué au financement de la campagne d’Hillary Clinton en 2016.

382.000 dollars à Hillary Clinton

Aux Etats-Unis, nombreux sont les journalistes à faire des donations aux candidats à l'élection présidentielle. Cette année, leur préférence politique va nettement à l’ex-Secrétaire d’Etat, qui totalise à elle seule 96% des contributions émanant de la sphère médiatique. Rien qu’au mois d’août, 430 journalistes ont financé sa campagne à hauteur de 382.000 dollars.

 

 

Le profil de ces journalistes-mécènes est très hétéroclite : parmi les personnalités citées dans l’enquête, on retrouve notamment des reporters, des présentateurs, des rédacteurs télé ou radio, appartenant à la presse sérieuse (The New Yorker) autant que tabloïd (Hollywood Reporter). Le montant des contributions varie entre 28 $ et 2 800 $.

Anna Wintour, rédactrice en chef de Vogue, donatrice de Clinton © Charles Sykes/AP

14.000 dollars à Donald Trump

Du côté de Donald Trump, les donations des journalistes sont nettement plus modestes : seules 50 personnalités des médias ont contribué au financement de sa campagne en 2016, et le montant total des contributions ne dépasse pas les 14.000 $. Là encore, le profil des donateurs est varié bien qu’il reste, dans l’ensemble, moins journalistique que dans le cas des démocrates : on retrouve beaucoup d’experts, de chroniqueurs ou de commentateurs de chaînes info, comme son ex-directeur de campagne, Corey Lewandowski, qui fut également employé par CNN en tant que spécialiste de la vie politique.

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Don de 28 $ de Les Waldron à Donald Trump pendant la primaire républicaine

Des pratiques légales mais encadrées par les chartes éthiques

Aux Etats-Unis, aucune législation n’interdit à un employé d'une entreprise de presse de contribuer au financement de la campagne présidentielle. Dans beaucoup de rédactions, ce type de pratique est d'ailleurs tolérée, même si elle demeure encadrée, comme l'explique Abbe Serphos, porte-parole de l'agence Reuters :

Les journalistes de Reuters sont autorisés à faire des dons à des organismes caritatifs ou politiques tant que cela n’entre pas en conflit avec leur travail éditorial

Dans la célèbre agence de presse, sept journalistes ont contribué au financement de la campagne de la candidate démocrate en 2016.

Pour ne pas mettre en péril l'indépendance de leurs journalistes, la plupart des rédactions ont mis en place un certain nombre de restrictions et d’interdictions, dans leur charte éthique.

L’Associated Press est assez sévère sur ce point : la célèbre agence de presse américaine stipule qu’“en aucun cas, les salariés ont le droit de financer un candidat ou un parti politique”, sous peine d'être sévèrement sanctionnés.

Des principes déontologiques qui ne s'appliquent pas aux patrons de presse

Malgré ces efforts, la question du conflit d’intérêt peut se poser. Tout d'abord, parce que ces principes déontologiques ne s’appliquent pas à l’ensemble des salariés des entreprises de presse. Dans la plupart des chartes éthiques, seuls les “journalistes” sont mentionnés, laissant la voie libre aux éditorialistes, aux chroniqueurs ou aux critiques artistiques de participer au financement de la campagne des candidats à l'élection présidentielle.

Je ne couvre pas la politique. Je ne fais pas un travail d’investigation. Je souhaite juste trouver le meilleur pad thai et partager ce que je trouve avec mes lecteurs”, explique Brad Jonhson, critique gastronomique au Orange County Register, qui a fait des donations privées à la campagne d’Hillary Clinton en 2016.

Mais la frontière entre "journalistes" et chroniqueurs n'est pas toujours très étanche. Emily Nussbaum, par exemple, travaille au New Yorker en tant que critique télévision mais a écrit plusieurs articles - particulièrement virulents - sur Donald Trump.

nussbaum Le cas des patrons de presse peut également soulever un certain nombre d'interrogations. S'ils n'interviennent pas directement sur le contenu éditorial, ils demeurent très influents dans le champ médiatique et sont nombreux à faire des donations privées au parti démocrate. C'est le cas notamment de Chris Hugues, l'ancien patron de New Republic qui contribue au financement de la campagne d'Hillary Clinton.

Des soupçons de collusion sur Hillary Clinton

Dans un tweet, daté du 17 septembre, Donald Trump a régi aux résultats de l'enquête du Center for Public Integrity, en dénonçant le "favoritisme" des médias, infographie à l'appui.

 

Depuis le début de la campagne, les soupçons de collusion sur Hillary Clinton sont nombreux et restent un argument incontournable de la campagne de Donald Trump.

 

Clara Tran

 

[REPORTAGE PHOTO] A la découverte de Las Vegas

Las Vegas est la ville de tous les pêchés. Entre luxure, jeux d'argent, attractions et centres commerciaux géants, la ville accueille plus de 42 millions de touristes chaque année, et porte le surnom de "Sin city", c'est à dire la ville du pêché.

 

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Las Vegas est la plus grande ville du Nevada, entourée de montagnes et située dans le désert, elle attire également les touristes pour ses températures chaudes toute l'année. La ville est également un point de passage pour tous ceux qui veulent visiter le Grand Canyon qui se trouve seulement à deux heures de route, autant dire que c'est un petit trajet en voiture dans cet immense pays.

 

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Las Vegas Boulevard ou "le Strip" est l'avenue principale de la ville. C'est là que se concentrent tous les plus luxueux hôtels et casinos, dont le Bellagio et le Caesars Palace. Plus de 25 hôtels y sont regroupés, et la plupart d'entre eux ont leur propres boîtes de nuit, centres commerciaux, restaurants et autres boutiques - ce sont de petites villes dans la ville. Ne comptez pas parcourir le Strip à pied en une journée sous la chaleur de Las Vegas, les distances peuvent être trompeuses. Le boulevard s'étend sur 7 kilomètres; il est possible de prendre un tramway entre certains hôtels.

 

Ce centre commercial de l'hôtel le Venitian représente parfaitement l'extravagance de la ville. Vous ne rêvez pas, vous êtez bien à Venise. Faux ciel, faux sol pavé et promenade en gondole sur le canal, tout est fait pour faire rêver les visiteurs.

 

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Des millions de dollars passent dans ces casinos chaque année. En 2013, la recette des 23 plus grands casinos du Strip était de 67 millions d'euros, ce qui fait une moyenne de 580 000 euros par casino et par jour.

 

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Le fameux panneau "Welcome to Fabulous Las Vegas" ne se trouve pas en plein milieu du désert mais à l'entrée de la ville. Les visiteurs affluent par dizaines et font la queue pour prendre la mythique photo, les bras levés, devant le panneau. Il a été réalisé en 1959 par Betty Willis, une graphiste vivant à Las Vegas et est devenu, depuis, le symbole de la ville. Willis n'a jamais été rémunérée pour son travail: "C'est mon cadeau pour la ville," avait-elle dit lors d'une interview au Las Vegas Weekly en 2008.

 

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L'équipe de France 2 Washington était à Las Vegas la semaine dernière pour couvrir le dernier débat présidentiel. Laurent Desbois, J.R.I. (Journaliste Reporter d'Images) et Jacques Cardoze, correspondant, ont interviewé Brianna Keilar, journaliste politique pour CNN.

Nous sommes à J-16 de l'élection présidentielle ! Ne ratez pas une miette de cette élection historique en vous abonnant à notre newsletter et en suivant le compte Twitter de notre bureau, et celui de notre correspondant, Jacques Cardoze.

 

Clémentine Boyer Duroselle

Manifestation en marge du dernier débat présidentiel

A moins de 21 jours de l’élection présidentielle aux Etats-Unis, Trump et Clinton se sont affrontés une dernière fois pour défendre leurs programmes respectifs et convaincre les indécis.

Les tensions entre les deux camps se font sentir à l’Université du Nevada à Las Vegas, lieu du dernier débat. Les plus grands médias américains tel que MSNBC ou CNN ont installé leurs plateaux sur le campus de l’Université. Les directs et les émissions politiques s’enchainent toute la journée et des experts politiques examinent la situation actuelle. Quelque soit la chaîne de télévision, le mot « sordide » ressort souvent.

Autour des plateaux télés, les manifestants se rassemblent. « Hillary, menteuse » crient les pro-Trump, « Donald, Donald, tu ne peux plus te cacher, ton côté raciste est à découvert » rétorquent les pro-Clinton.

Manifestants en face du plateau de télévision de CNN. Photo/Clémentine Boyer Duroselle

Manifestants en face du plateau de télévision de CNN. Photo/Clémentine Boyer Duroselle

Les protestataires brandissent leurs pancartes haut dans le ciel, en face des plateaux, dans l’espoir de les faire passer à la télévision. « Les médias choisissent le président, honte à toi CNN ! », crient les pro-Trump. CNN est en ce moment critiqué pour favoriser la candidate démocrate à l’antenne.

T.C. Strickab, étudiant en ingénierie mécanique à l’Université du Nevada et son professeur de physique, Mr. John Fhaw. Photo/Clémentine Boyer Duroselle

T.C. Strickab, étudiant en ingénierie mécanique à l’Université du Nevada et son professeur de physique, Mr. John Fhaw.
Photo/Clémentine Boyer Duroselle

Parmi eux, nous avons rencontré T.C. Strickab, un étudiant en ingénierie mécanique à l’Université du Nevada et son professeur de physique, Mr. John Fhaw. Strickab défend Clinton et Fhaw a, lui, toujours voté pour le parti républicain.

En dépit des propos à consonance raciste tenus par Trump, ce professeur de physique ne le définie pas comme tel. Son vote est contestataire. Au-delà de son soutien au candidat républicain, il est surtout contre Hillary Clinton. « Hillary lance des bombes sur tous ceux qui ne sont pas blancs », dit-il en faisant référence au bombardement de Benghazi en 2012. [Ndlr: il a été prouvé que Clinton n’avait pas commandé ce bombardement].

Son élève lui rétorque que ce qu’il raconte n’est que mensonges et que, contrairement à Trump, elle a un programme concret pour le pays. « Trump veut juste construire son mur, mais on n’a pas d’argent pour ça et en plus les Mexicains viennent aux Etats-Unis dans l’espoir d’avoir une meilleure vie. Pourquoi est-ce-qu’on les empêcherait de croire au rêve américain? », dit-il. Son professeur ne partage pas son point de vue, il lui réplique que Trump veut juste protéger les Américains et que les immigrants illégaux ont de mauvaises manières. Au-delà de leurs différents au niveau politique, ils restent en bons termes. Strickab tape amicalement dans le dos de son professeur : « Frère, on était censés être dans le même camp. Faut croire que Trump et Clinton ne veulent pas qu’on reste amis ».

Caricature de Donald Trump. Photo/Clémentine Boyer Duroselle

Caricature de Donald Trump. Photo/Clémentine Boyer Duroselle

Un peu plus loin dans la manifestation, une caricature géante de Donald Trump se pavane. L’homme qui se trouve sous cette tête géante veut rester anonyme et refuse de retirer son masque. Il vient du Michigan et a conduit plus de 3200 kilomètres pour faire entendre sa voix : « On a fait tout ce trajet parce qu’on pense que Donald Trump est non seulement un danger pour ce pays mais aussi pour le monde entier », dit-il. « Il est aussi très embarrassant pour les Américains » répond John, son ami d’enfance. Ils voyagent tous les deux à travers le pays pour participer aux évènements politiques et soutenir Hillary Clinton.

Deux amis sont venus du Michigan pour soutenir Hillary Clinton. Photo/Clémentine Boyer Duroselle

Deux amis sont venus du Michigan pour soutenir Hillary Clinton. Photo/Clémentine Boyer Duroselle

Ce genre de manifestations en marge d’évènements politiques est chose commune aux Etats-Unis. Ils rassemblent à chaque fois une centaine de personnes dans un périmètre sécurisé et encadré par des policiers.

[REPORTAGE PHOTO]

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Clémentine Boyer Duroselle

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[Vidéo] Aux Etats-Unis, le déclin des classes moyennes

Les drive-in : symbole du rêve américain des années 1960. Aujourd'hui, il n'en reste plus qu'une poignée. Ce phénomène fait écho à un autre problème qui touche actuellement les Etats-Unis : le déclin de la classe moyenne.

Notre équipe s'est rendue dans l'Indiana et a rencontré une de ces familles qui craint le "déclassement." Chris s'apprête à perdre son emploi car l'usine dans laquelle il travaille va fermer ; et, pour la première fois, il n'est pas sûr de pouvoir retrouver du travail. En quelques années, la ville a perdu près de 10% de ses emplois.

Alors, malgré un taux de chômage à 5%, les classes moyennes sont inquiètes aux Etats-Unis. En effet, les nouveaux emplois créés sont de plus en plus précaires, et les salaires ont baissé de 13% en 10 ans. Résultat, les Américains sont de plus en plus nombreux à cumuler les emplois.

Suivez notre équipe dans l'Indiana. Un reportage de Valérie Astruc et Laurent Desbois.

Jim Pugh : "Des congés payés pour aller voter"

Après avoir fait campagne pour Barack Obama en 2008, ce chef d’entreprise s’est donné pour mission de faire baisser l’abstention, en cette année électorale. Comme une centaine d’autres patrons, il offrira des congés payés à ses employés, le jour du scrutin. Un nouveau pas vers le « maternalisme » d’entreprise ?

En 2014, le taux d’abstention a dépassé les 63%, lors des élections générales : un record absolu aux États-Unis, depuis la seconde guerre mondiale. Il ne s’agit en rien d’une exception : depuis les années 2000, les citoyens américains votent moins, notamment les classes populaires, qui semblent de plus en plus réfractaires à la participation la plus élémentaire. L’arme la plus démocratique - le vote - serait-elle devenue un couteau sans lame auquel manque le manche, pour reprendre l’image du philosophe allemand, Georg Christoph Lichtenberg ?

On ne s’attend pas forcément à ce que Jim Pugh, fondateur de "Share Progress", tranche dans le vif du problème. A 34 ans, ce chef d'entreprise s'est donné pour mission de faire baisser l’abstention, en cette année électorale. Comme les patrons de « Spotify » et d’ « About.com », il a rejoint le mouvement Make Election Day Holiday et accordera des congés payés à ses employés, le jour du scrutin - un mardi.

Beaucoup de personnes ne votent pas parce qu’elles pensent qu'elles n'ont pas le temps", constate-t-il."Si tout le monde avait un RTT le 8 novembre, le taux de participation serait bien supérieur

Une entreprise "progressive"

Lui qui fut directeur du développement de la campagne de Barack Obama en 2008, souhaite aujourd’hui imposer sa fraîcheur citoyenne dans le milieu professionnel. A "Share Progress", Jim Pugh défend une conception “progressive” de l'entreprise. Il dit :

"Pour moi, être progressif signifie davantage que soutenir le camp démocrate. C'est travailler, au quotidien, avec des organisations qui aident et protègent les plus démunies et œuvrent pour qu'elles aient une vie meilleure"

Ou encore :

"Construire une culture d'entreprise forte et positive a toujours été ma priorité"

Jim Pugh et ses salariés lors d'un séjour d'entreprise

Dans sa startup, l’ambiance est d'ailleurs pensée pour. Au programme : des séjours d’entreprise et des activités de "team building”, dans un cadre professionnel présenté comme humain et bienveillant. 

Maternalisme

Depuis les années 80, l’idée est là qu’il faut “gérer les salariés non seulement comme des professionnels qui apportent leurs compétences et leur engagement dans le travail, mais comme des hommes et des femmes avec leurs besoins, aspirations, spécificités humaines, leur idéal, leurs faiblesses aussi” , rappelle la sociologue Danièle Linhart.

A l'ère du management nappé de maternalisme, les employeurs se présentent comme "les garants de la démocratie, et veulent en convaincre leurs salariés comme leurs clients. Ils veulent se montrer éthiquement irréprochables”Et se sentent aujourd'hui légitimes à s’immiscer dans la vie civique de leurs employés. Comme si le rapport de domination entre les salariés et les patrons dépassait désormais le cadre du bureau.

Clara Tran

 

Bob Dylan, nouveau Prix Nobel de Littérature

Personne ne lit le nouveau Prix Nobel de Littérature - par contre, tout le monde l'écoute. Le jury a choisi de récompenser cette année l'auteur-compositeur-interprète américain Bob Dylan, pour "avoir créé, dans le cadre de la grande tradition musicale américaine, de nouveaux modes d'expression."

Bob Dylan et Allen Ginsberg, devant la tombe de Jack Kerouac.

Bob Dylan et Allen Ginsberg, devant la tombe de Jack Kerouac.

La carrière de Dylan commence dans les années 1960 : il côtoie les grandes figures de la Beat Generation comme Allen Ginsberg, Jack Kerouac ou William Burroughs, et ses premiers textes sont marqués par leur poésie. L'explosion internationale intervient avec l'album Blonde on Blonde, sortit en 1966 et qui est salué par la critique, vendu à des millions d'exemplaires et classé parmi les "meilleurs albums de tous les temps" par le magazine Rolling Stone.

Avec sa voix et son style particulier, Dylan s'est imposé comme une icône pour de nombreuses générations, et a réussi à traverser les décennies, avec des morceaux incontournables comme Mr. Tambourine Man, Knockin' on Heaven's Door, Like a Rolling Stone, Don't Think Twice, It's All Right, Desolation Row ou encore Just Like A Woman.

Récompenser Bob Dylan, c'est donc récompenser un concentré de l'histoire musicale de l'Amérique. En plus de 50 ans de carrière, le chanteur a navigué à travers les styles et les époques, mélangeant le folk, le blues, le rock et la country.

Les Etats-Unis n'avaient plus reçu de Nobel de Littérature depuis Toni Morrison, en 1992. L'obtenir de nouveau cette année, à un mois de l'élection et à l'issue d'une année de campagne violente et chaotique, rappelle qu'il y a eu - et qu'il y a encore - de grandes figures pacifistes et révolutionnaires dans le pays.

Dès le début de sa carrière, Dylan s'est engagé pour plus d'égalité sociale : en 1963, il participe, avec d'autres artistes comme Joan Baez et Mahalia Jackson, à la célèbre Marche sur Washington, pour dénoncer les inégalités que subit la population afro-américaine. Sa chanson Blowin' in the Wind devient un hymne pacifiste.

Ses combats de l'époque semblent plus que jamais actuels, même si Bob Dylan, dans son livre Chroniques publié en 2004, refuse qu'on voit en lui le porte-parole ou "le prophète" d'une génération.


Et puis, accorder le Prix Nobel à Bob Dylan,
c'est surtout faire une vraie proposition sur ce qu'est la Littérature, sur ce que nous définissons comme "objet littéraire." Le choix du comité a surpris, a été critiqué, aussi ; qu'on soit d'accord ou non, il a le mérite de questionner la discipline, de montrer que c'est un objet vivant, en évolution, et de dépoussiérer l'image parfois élitiste que peut avoir - à tort - la Littérature, loin des bibliothèques au parquet grinçant et des ouvrages aux pages fragiles.

 

Anne Pouzargues

Le débat "le plus laid" de l'histoire politique ?

Pas de poignée de main au début du débat. Pour ceux qui doutaient encore que la soirée serait tendue, dimanche, à Saint-Louis, voilà qui mettait les choses au clair. Hillary Clinton et Donald Trump ont donc réalisé "le débat le plus laid de l'histoire des Etats-Unis," selon le site Internet Politico. On vous explique pourquoi.

En amont
Donald Trump arrivait après un week-end où il s'était retrouvé englué dans un nouveau scandale : le Washington Post a en effet publié vendredi une vidéo datant de 2005, où on peut entendre le candidat républicain tenir des propos crus à l'égard des femmes, et surtout évoquer l'adultère. Après ses remarques sur l'immigration, sur les Mexicains, sur les musulmans, sur les handicapés, et j'en passe, c'est finalement cette vidéo qui aura réussi à faire sortir de ses gonds la très puritaine droite conservatrice américaine.

Ainsi, au cours du week-end, plusieurs grands noms des Républicains ont retiré leur soutien à Donald Trump, au premier rang desquels John McCain, plusieurs Sénateurs, ou encore Paul Ryan, qui, lui, a déclaré qu'il ne ferait plus campagne pour Trump. 

Qu'à cela ne tienne, Donald Trump se soucie guère du parti qui l'a nominé. Sa stratégie était claire : riposter par l'attaque, en montrant que Bill Clinton était bien pire que lui. Au débat, Trump a ainsi invité quatre femmes ayant porté plainte contre l'ancien Président pour agression sexuelle.

Hillary Clinton n'arrivait pas toute blanche non plus : dimanche, WikiLeaks avait révélé les textes de ses discours donnés devant des grandes entreprises de Wall Street, qui montrent ses liens avec celles-ci, et, pour beaucoup, son éloignement des préoccupations de la classe moyenne américaine.

Le débat
Après tout ça, on comprend donc l'ambiance tendue de ce débat. Le format town halldonnait la parole à des Américains n'ayant pas encore décidé pour qui ils allaient voter, et qui pouvaient poser leurs questions directement aux candidats. Très vite Trump et Clinton évoquent les scandales touchant leur adversaire. A propos de la vidéo, Trump s'excuse en déclarant qu'il s'agissait d'une "discussion de vestiaire."

Le candidat républicain semble d'une manière générale mieux préparé que lors du premier débat ; et il mène toujours dans les attaques et les réparties. Il faut tout de même releverson naufrage sur la question de la Syrie : il peine à donner un plan de résolution du conflit à Alep, et déclare en plus être en désaccord avec son colistier, Mike Pence, sur ce sujet. De là à réveiller les rumeurs qui disent que Pence pourrait quitter le ticket républicain, il n'y a qu'un pas.

En répondant aux questions du public, Hillary Clinton s'est efforcé de tisser un lien entre elle et les électeurs, les appelant par leurs noms et ignorant totalement la présence de Trump qui se positionnait sans cesse derrière elle - cette image, que vous pouvez voir ci-dessus, a fait le tour des réseaux sociaux la nuit du débat. Pas d'erreur massive de la part de la Secrétaire d'Etat, malgré des réponses plus que moyennes sur les questions de l'affaire des e-mails et des discours à Wall Street.

Pourquoi Clinton a-t-elle gagné (le débat) ?
Sans être fulgurante, Hillary Clinton sort gagnante de ce second débat pour près de 60% des électeurs interrogés. Sa victoire : avoir laissé parler Trump. On le sait, le candidat républicain est peut-être son meilleur ennemi. Enchaînant les attaques sur Clinton, il a plus parlé d'elle que de ce que lui comptait faire pour le pays. Le débat a ainsi été centré sur la candidate démocrate.

A l'issue de cette folle semaine pour les Républicains, l'écart continue de se creuser : dans certains Etats, l'avance de la candidate démocrate dans les sondages dépasse désormais les 10 points.

Pour autant, peu de chance que ce débat ait permis aux Américains de reprendre confiance dans la politique : attaques, bassesses, insultes, les analystes sont unanimes pour considérer que la soirée était un (très) mauvais moment de politique.

Florilège

 

Trump à Clinton : "Si je gagne, vous irez en prison !" (à propos de l'affaire des e-mails)

Clinton : "Vous faites tout pour éviter de parler de votre campagne et de la manière dont elle est en train d'exploser."

Trump, sur la vidéo : "C'était une erreur, je me suis excusé. Il y a des choses plus importantes, comme l'Etat islamique."

Clinton, qui reprend la devise de Michelle Obama : "When they go low, we go high." (=Quand ils s'abaissent, nous élevons le débat.)

Trump : "Hillary Clinton, le diable."

Clinton : "Donald Trump vit dans une autre réalité."

Et, quand même, le moment love :
Question d'un électeur : - Dites une chose que vous respectez chez votre adversaire.
Clinton : - Ses enfants.
Trump : - Elle n'abandonne jamais.

Anne Pouzargues
 

Lorena Hickok, l'amour secret d'Eleanor Roosevelt

Eleanor Roosevelt avait-elle une maîtresse ? Ou était-elle portée à des amitiés féminines électives, mais néanmoins platoniques ? La question n’en finit pas d’embarrasser les historiens et les écrivains américains, depuis les années 90.

Il revient à Susan Quinn de publier aujourd’hui Eleanor and Hick : un indispensable biopic littéraire sur les émois intimes de l’ex-First Lady. 400 pages riches de révélations où il est question de son rapport aux femmes, au couple et à la morale. Mais aussi, et surtout, de son amour secret pour Lorena Hickok, une journaliste. Dans l’entretien qu’elle nous accorde, la biographe nous explique son projet et sa démarche.

FRANCE 2 : Vous publiez “Eleanor and Hick : the love story that shaped a First Lady”. C’est une biographie politique ou un récit fantasmé de la vie de la Première Dame ?

Susan Quinn. J'ai écrit mon livre comme une biographie duelle, de deux femmes qui ont joué un rôle clé dans le New Deal de Roosevelt. Parce qu’elles étaient si investies en politique, leur histoire devait être racontée en tenant compte du contexte : ce livre est donc devenu indirectement une histoire de l’époque et de leur vie.

FRANCE 2 : Pourquoi avez-vous décidé de raconter l’histoire d’Eleanor Roosevelt et de Lorena Hickok aujourd’hui ?

Susan Quinn. L'historienne Blanche Wiesen Cook a été la première personne à avoir évoqué la relation d’Eleanor Roosevelt et de Lorena Hickock. Mais leur liaison avait été alors minimisée et l’existence de leur correspondance, occultée - alors que les lettres étaient accessibles au public depuis 1978. Je suis la première à avoir étudié de près les 3 000 lettres d’Eleanor et de Hick à la Bibliothèque présidentielle Franklin Delano Roosevelt. Je suis également la première à m’être intéressée à leur relation du début à la fin et à avoir souligné son importance dans leur existence respective.

FRANCE 2 : Que révèle leur correspondance ? Pensez-vous avoir percé le mystère de leur relation ?

Susan Quinn. Lorsqu’Eleanor et Hick se sont rencontrées en 1932, elles sont tombées amoureuses l’une de l’autre. Leur relation a duré environ cinq ans.  Elles s’écrivaient chaque jour, parfois même plus et vivaient dans l’attente de leurs lettres. Quand elles se parlaient au téléphone, elles terminaient toujours leur conversation par la même formule en français : “je t’aime et je t’adore”. Même à la fin de leur vie, elles continuaient à se confier et savaient qu’elles pouvaient compter l’une sur l’autre. Hick était responsable de la conférence de presse d’Eleanor à la Maison Blanche, ce qui a contribué à la rendre célèbre et l’a poussé à écrire sa chronique “My Day” dans un journal. Pendant toute la présidence de Roosevelt, Hick vivait à la Maison Blanche.

Hick et Eleanor lors d'un concert le 16 avril 1935

Hick et Eleanor lors d'un concert le 16 avril 1935

Les deux femmes avaient été mal traitées dans leur jeunesse : Hick vient d’un milieu populaire, elle a été expulsée de sa maison lorsqu’elle avait 14 ans par sa belle-mère et forcée de travailler comme femme de chambre. Eleanor était un vilain petit canard. Sa mère et sa tante pensaient qu’elle n’était pas armée pour survivre dans la haute société. Elles se sont toutes deux révélées dans leur relation.

FRANCE 2 : Comment vous êtes-vous documentée ?

Susan Quinn. La plupart de mes recherches ont été faites dans un seul endroit : la Bibliothèque Franklin Delano Roosevelt à Hyde Park à New York, où se trouvent les lettres d’Hick et d’Eleanor ainsi que de nombreux documents de la présidence Roosevelt. Mon projet a duré cinq ans.

Lettre de Hick en septembre 1935

FRANCE 2 : Comment avez-vous rempli les interstices manquantes ?

Susan Quinn. La partie la plus obscure de cette histoire est la fin : lorsque Hick a dû quitter la Maison Blanche et retourner vivre seule, loin d’Eleanor, qui vivait à Hyde Park à New York quand elle ne voyageait pas dans le monde. Pour éclairer cette période, j’ai interrogé trois de ses petits-enfants ainsi qu’un de ses voisins à Hyde Park.

FRANCE 2 : Vous êtes-vous attachée à vos personnages ?

Hick en 1932, l'année de sa rencontre avec Eleanor

Susan Quinn. Oui. J’ai commencé ma carrière comme reporter dans un quotidien, je me suis donc retrouvée dans la démarche et le travail de Hick. Il est vrai, aussi, que c'était une femme très sympathique - c’était quelqu’un qui s’engageait pour les personnes les plus démunies et qui avait beaucoup d’humour. Eleanor Roosevelt était une grande dame, cela est donc plus difficile de se sentir proche d’elle. Mais j’ai réussi à dépasser mon admiration pour la Première Dame au cours de mon travail, quand j’ai tenté de comprendre sa vie intime : dans ses lettres à Hick, elle évoque sa belle-mère difficile, son mari infidèle et ses enfants parfois très exigeants.

FRANCE 2 : Au-delà de l’histoire entre ces deux femmes, votre livre est aussi l’occasion de raconter l’Amérique puritaine dans ce qu’elle a de plus corseté...

Susan Quinn. Certainement, Eleanor a grandi dans une atmosphère victorienne : elle a dû se marier à 18 ans avec un cousin éloigné. La liaison d’Eleanor et de Hick était bien sûr considérée comme un crime et un péché à l'époque. Mais il y avait beaucoup de femmes, dans l’entourage de la First Lady, qui vivaient en couple avec d’autres femmes - au mépris des attentes sociales.

FRANCE 2 : Pensez-vous que l'on a encore des personnages romanesques, au destin romanesque, dans le monde politique actuel ?

Susan Quinn. Tout dépend de ce que vous entendez par “romanesque”. Si vous parlez de personnes dont le destin et la vie sont guidées par les sentiments, alors la réponse est oui. Même Hillary Clinton, qui est si "rationnelle" et "censée" a régi de manière irrationnelle lorsqu’elle a appris que Bill Clinton avait une maîtresse.

Propos recueillis par Clara Tran


Susan Quinn © Elena SeibertSusan Quinn est une journaliste (The New York Times Magazine) et une biographe américaine, qui vit à Brookline dans le Massachusetts. Elle a reçu le Grand prix des lectrices de Elle en 1997 pour "Marie Curie" (Odile Jacob). Auparavant, elle a été présidente de PEN New England.

Dernière récolte du potager de Michelle Obama à la Maison Blanche

La Première dame a accueilli plus d’une trentaine d’écoliers dans les jardins de la Maison Blanche jeudi 6 octobre, pour la dernière récolte de son potager.

Vêtue de jeans, d’une chemise décontractée et de tennis, Michelle Obama ne s’est pas ménagée. A peine avait-elle souhaitée la bienvenue à ses invités que la Première dame était déjà au travail.

En plus des écoliers présents, Michelle Obama a reçu quelques invités spéciaux, tels que Kjell Lindgren, un astronaute de la NASA, Alonzo Mourning, une star de la NBA et la chanteuse Ashanti.

De gauche à droite: que Kjell Lindgren, un astronaute de la NASA, Alonzo Mourning, une star de la NBA et la chanteuse Ashanti.

De gauche à droite: Alonzo Mourning, star de la NBA. Ashanti, chanteuse. Kjell Lindgren, astronaute de la NASA. Photo/ClémentineBoyer

Au programme : cueillette de carottes, patates douces, cacahuètes et tomates ! Elmo et Rosita, les célèbres marionnettes américaines étaient également de la partie et n’ont pas hésité à y mettre de leur petite touche d’humour.

Barack et Michelle Obama dans le potager de la Maison Blanche. Photo/GettyImage

Barack et Michelle Obama dans le potager de la Maison Blanche. Photo/GettyImage

Alors que toute la bande s’affairait, Barack Obama a fait une courte apparition surprise. « C’est un moment si spécial, je suis super nerveuse » a dit marionnette Rosita. « Allez, on se met au travail » a dit le Président, enfilant des gants de jardinage. La Première dame s’est gentiment amusée de la situation en voyant son mari jardiner en costume, «  Regardez qui est en train de jardiner en cravate ! ».

Screen Shot 2016-10-07 at 1.16.30 pmAprès avoir pris une photo d’équipe, le Président s’est éclipsé, laissant sa femme et les écoliers cuisiner légumes fraichement récoltés.

Les journalistes présents n’ont pas eu la chance de gouter aux pizzas végétariennes sortant du four, mais on peut vous dire qu’elles sentaient bon ! Les chanceux nous les ont gentiment fait passer sous le nez.

Pizza végétarienne faite avec les légumes du potager de Michelle Obama

Pizza végétarienne faite avec les légumes du potager de Michelle Obama

Michelle Obama a créé ce potager au printemps 2009, seulement quelques mois après que Barack Obama ait été élu président. Cette initiative a rapidement été médiatisée, dans le but de promouvoir une alimentation saine et équilibrée. Ce projet rejoint « let’s move », un programme également créé par la Première Dame, et qui organise des évènements sportifs pour lutter contre l’obésité.

Ce potager ne sera pas détruit après que la famille Obama ait quitté la Maison Blanche. La fondation des Parcs Nationaux du pays s’est engagée à entretenir le jardin.

 

Clémentine Boyer Duroselle

Hockey : Les Penguins de Pittsburgh à la Maison Blanche

Sur le plan du hockey, Barack Obama finit ses mandats de la même manière qu'il les a commencés : en accueillant à la Maison Blanche l'équipe de Pittsburgh, surnommée "les Penguins", qui a remporté la Stanley Cup 2016. Pittsburgh était en effet également sorti vainqueur de la première coupe de hockey sous la présidence Obama, en 2009.

C'est dans la bonne humeur que le Président américain a félicité les joueurs et leurs entraîneurs, remarquant notamment leur "persévérance" et leur "esprit d'équipe." "Ce que j'aime le mieux dans cette victoire, c'est que personne ne pensait que vous pouviez réussir à gagner cette année," a-t-il dit.

Les Penguins avaient en effet connu un début de saison assez chaotique, "étant longtemps plus proches de la dernière que de la première place," a déclaré Barack Obama. Finalement, après quelques mois difficiles, les Penguins de Pittsburgh sont parvenus à se hisser en phase finale de la Coupe et à battre les Requins de San José.

Barack Obama, avec sa mini-Coupe, et Sidney Crosby, avec la vraie Coupe.

Barack Obama, avec sa mini-Coupe, et Sidney Crosby, avec la vraie Coupe.

L'équipe était menée par Sidney Crosby, la super-star canadienne arrivée à Pittsburgh en 2005 après avoir joué avec les Océanic de Rimouski. Crosby est reconnu comme étant un des meilleurs joueurs mondiaux, et a également remporté deux titres Olympiques (2010 et 2014) et un titre mondial (2015), avec l'équipe canadienne. Cette année, il a aussi reçu le Trophée Conn Smythe, qui récompense le meilleur joueur des phases éliminatoires de la Coupe Stanley.

Crosby a offert au Président américain une réplique miniature de la Coupe Stanley - l'originale mesure près d'un mètre de haut et pèse 15 kilos - ainsi qu'un maillot des Penguins floqué à son nom.

C'était la quatrième victoire de la Coupe Stanley pour les Penguins de Pittsburgh, après 1991, 1992 et 2009.

La Coupe Stanley oppose chaque année des équipes de hockey américaines et canadiennes. Pendant le premier tour, les équipes d'une même zone géographique s'affrontent : celles de la côte Est jouent entre elles, et celles de la côte Ouest aussi. Les vainqueurs des ligues Est et Ouest se rencontrent ensuite en phase finale.

Ce sont les Canadiens de Montréal qui sont en haut du palmarès de la Stanley Cup, avec 24 victoires depuis 1914. Suivent ensuite les Mapple Leafs de Toronto avec 13 victoires, les Red Wings de Détroit avec 11 victoires et les Bruins de Boston avec 6 victoires.

Même si le hockey n'est pas aussi populaire aux Etats-Unis qu'au Canada, il reste tout de même un des sports les plus suivis, derrière le football américain, le basket et les courses automobiles.

Et, comme l'a rappelé Barack Obama : "Pendant mes 8 ans de mandat, ce sont des équipes américaines qui ont remporté la Coupe Stanley chaque année - ce que je n'ai pas manqué de faire remarquer au Premier ministre canadien Justin Trudeau la dernière fois que nous nous sommes rencontrés."


Anne Pouzargues